Afrique: la terreur s'accentue!

Publié le par Jean-François CURTIS

Forces Spéciales françaises, Splendid Hôtel, Ouagadougou/AFP
Forces Spéciales françaises, Splendid Hôtel, Ouagadougou/AFP

Les deniers événements survenus au Burkina Faso les 15 et 16 janvier, démontrent une fois de plus l'impériosité d'une réponse cohérente et l'impossible maîtrise d'une menace aussi insidieuse! La prévention, la sensibilisation, la célérité et la répression demeurent les armes les plus adaptées contre cette menace.

En effet l'attaque survenue contre des gendarmes burkinabés aux environs de 14h, le 15 janvier, n'a pas suffi à alerter les autorités de Ouagadougou pour qu'un dispositif exceptionnel soit déployé dans toutes les grandes villes du pays. Même Ouagadougou, avec son grand nombre d'expatriés n'a pas été quadrillée comme il se doit. Entre 14h et 19h30 (heure de la prise d'otage à l’hôtel Splendid), il s'est écoulé 5 h. Le déficit d'anticipation et la sous-estimation de la menace et de sa capacité de nuisance ont eu raison des autorités burkinabés et engendré un bilan macabre de plus de 20 morts.

Pire encore, n'eu été l'intervention des forces spéciales françaises et l'appui des forces américaines, la neutralisation des 3 djihadistes aurait-elle été possible? Cette énième attaque dans la sous-région après celle du Mali du 20 novembre au Radisson Blu, vient mettre en exergue les carences déjà décriées des systèmes de lutte et d'anticipation des pays africains contre la terreur.

Nous avions publié deux articles majeurs, l'un consacré à l'attaque du Radisson Blu et l'autre à la Côte d'Ivoire dans la lutte contre le terrorisme. Ces deux articles, exposaient un ensemble de mesures, qui nous semblent encore d’actualités et qui pourraient endiguer en partie la menace et ses effets ravageurs :

- Les pays d'Afrique de l'ouest pourraient se réunir, sous l'égide de la CEDEAO, pour définir une nouvelle feuille de route contre le terrorisme. Cette nouvelle feuille de route tiendrait compte des leçons apprises issues des mesures prises par chaque état, depuis le début des attentats dans la sous-région. En effet, une révision de la stratégie actuelle est plus que nécessaire, eu égard à la progression et la constance de la menace. Le contenu de cette nouvelle stratégie contre la terreur pourrait inclure certaines des mesures ci-dessous;

- La mise en alerte et la sécurisation effective, de tous les sites dits critiques et stratégiques (aéroports, ports, sièges d'institutions internationales, électricité, eau, gaz, etc.) de tous les pays de la sous-région;

- La surveillance et la sécurisation de tous les réceptifs hôteliers majeurs, accueillant le plus d'expatriés et touristes sont vitales. Le déploiement en ces lieux, d'unités d'élite de la gendarmerie, de la police et des forces spéciales serait louable;

- La mobilisation citoyenne doit être décrétée et effective. En effet l'implication des communautés et de tous les citoyens dans cette lutte est importante. La vigilance de chaque citoyen est nécessaire pour alerter et anticiper toute menace. Une campagne de sensibilisation doit donc être organisée en mettant l'accent sur la responsabilité citoyenne;

- Une approche participative de la lutte anti-terroriste est souhaitable. En effet, les états devraient étroitement collaborer avec les communautés religieuses surtout la communauté musulmane, les ONG et la société civile. En effet la surveillance et la sécurisation des lieux de culte sont primordiales;

- La Création de périmètres de sécurité autour de tous les postes de police, de gendarmerie et des casernes militaires serait prudente. En effet, l'attaque contre une patrouille de gendarmes au Burkina hier est un mode opératoire connu;

- La Mise en place d’une ligne téléphonique dédiée à la lutte anti-terroriste, permettant de dénoncer tout comportement suspect, surtout d’éventuelles radicalisations ;

- La Sensibilisation de toute la population par la radio, les journaux, la télévision et internet, sur les signes de radicalisation religieuse, les comportements suspects à dénoncer, etc.

- La multiplication des patrouilles aux frontières de tous ces pays et le prépositionnement d'unités supplémentaires, prêtes à intervenir si nécessaire, aux frontières;

- L'Accentuation de la collaboration entre les autorités nationales et les partenaires bilatéraux (France, USA, etc.) comme multilatéraux (ONU), surtout dans le domaine du renseignement et de l'aide logistique.

- Le renforcement des capacités d'intervention des forces de sécurité et de défense des pays africains pour des interventions efficaces et professionnelles.

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