Puissances militaires: l'Afrique en reste?
Il peut sembler maladroit d'évaluer l'existence de puissances militaires sur le continent africain, quand on sait les difficultés que rencontre ce continent, lorsqu'il s'agit de développement humain. En effet l'Indice de Développement Humain (IDH) du PNUD, reflète une Afrique qui se cherche et qui n'arrive pas à se retrouver malgré les signaux positifs en matière d’investissements. A titre d'exemple, plusieurs pays africains dont la Côte d'Ivoire, le Rwanda, le Sénégal et le Maroc se démarquent par l'enthousiasme international que traduit l'intérêt croissant de l'occident et de l'Asie pour le continent. D'ailleurs, la République Populaire de Chine a annoncé en 2016, la construction de sa première base militaire en Afrique, précisément à Djibouti. Une telle initiative de sécurisation des investissements chinois témoigne d'une évolution sans précédent des rapports de force entre puissances sur le continent. Jusqu'ici, seuls les américains et les français disposaient de bases ou menaient des opérations militaires majeures en Afrique.
Cet enthousiasme est-il pour autant rassurant, lorsque l'on sait que bien des pays africains ne peuvent assurer leur défense, face à une menace asymétrique ou conventionnelle? Il est juste de mettre l'accent sur le développement humain, condition préalable à l'émergence du continent. Cependant, pouvoir sécuriser les populations ainsi que les investissements, demeurent une priorité. Comment allier l'impératif de développement au préalable de sécurité?
En effet, sécurité rime avec défense nationale. Il n'est de développement économique sans un minimum de capacité militaire. Les grandes nations (Chine, USA, France, Allemagne, Inde, Israël, etc.) nous le prouvent encore aujourd'hui, leurs investissements militaires sont constants. Les pays africains quant à eux, font face au perpétuel dilemme entre investir dans leur développement économique et investir dans leurs armées. A ce sujet, le Global Firepower 2016 (GFP 2016), classement mondial des armées selon 50 critères, reflète les pays qui se démarquent véritablement, d'un point de vue militaire par leur capacité à se défendre et leur potentielle capacité conventionnelle à faire la guerre. Ainsi, au titre du continent africain, sur 30 pays, le top 10 inclut: 1. l'Egypte; 2. l'Algérie; 3. l'Ethiopie; 4. le Nigéria; 5. l'Afrique du sud; 6. l'Angola; 7. le Maroc; 8. le Soudan; 9. la Libye; 10. la RDC. Quant à la Côte d'Ivoire, elle occupe le 23ème rang et le Ghana le 19ème.
L'Egypte occupe donc sans surprise, la première place du classement GFP. En effet, ce pays témoigne d'une longue tradition militaire et d'une riche expérience de la guerre. De plus, le choix d'une forte industrie militaire lui permet de se démarquer, là où aucun autre pays en dehors du Maroc et de l'Afrique du Sud ne peuvent rivaliser. Le développement d'une industrie militaire à vocation civile est un choix judicieux, qui permet un fort potentiel en recherche et développement.
Le classement GFP 2016, classe ainsi le premier pays africains à la 12ème place mondiale sur 126 pays, devant Israël (16ème) et le Canada (22ème). Il faut attendre la 26ème place, pour retrouver un pays africain à savoir l'Algérie. L'Afrique Noire quant à elle, apparaît à la 42ème place avec l'Ethiopie. La leçon de tout cela, est que les pays africains ne pèsent pas lourd dans la balance militaire mondiale. Il nous vient alors à l'esprit, de nous demander si le continent africain à les moyens de sa politique de croissance? Le Top 10 du classement mondial, classe les pays ainsi: 1. les USA; 2. la Russie; 3. la Chine; 4. l'Inde; 5. la France; 6. le Royaume Uni; 7. le Japon; 8. la Turquie; 9. l'Allemagne; 10. l'Italie. Le bas du classement compte 06 pays africains sur 10 pays les moins aptes militairement. Le constat général est que les pays les mieux notés, sont les pays affichant une considérable industrie militaire. Ils sont exportateurs d'armes et de système militaires avancés.
En conséquence, il apparaît clairement que l'ambition des pays africains à émerger pour atteindre un niveau de développement digne de ce nom, nécessitera un effort militaire pour justement se prémunir de toute agression, même de forme terroriste. La Côte d'Ivoire qui aspire à redevenir la locomotive de la sous-région, devra créer son industrie militaro-civile pour contribuer au développement national et ainsi sécuriser ses acquis. Il ne s'agit donc pas pour les pays africains, de devenir des puissances militaires mais de disposer d'un minimum de capacité et d'autonomie militaires.