Menace djihadiste sur la Côte d'Ivoire: une réponse urgente et inclusive
La persistance d’une menace djihadiste sur la Côte d’Ivoire, a été mise au grand jour ces dernières heures, dans la presse nationale et internationale. En effet, après l’attaque d’une localité malienne (Fakola) à 20 kilomètres de la frontière ivoirienne, Ismaël khalil, membre d’Ansar Dine, a affirmé à l’AFP ceci : "Nous allons multiplier les attaques en Côte d’Ivoire, au Mali et en Mauritanie, des pays qui travaillent avec les ennemis de l’islam".
Face à cette proximité ou plus encore cette imminence de la menace, le problème pour les autorités ivoiriennes, n’est pas de savoir si le pays va être frappé, mais plutôt quand et où? Nous proposons donc, l’élaboration dans les plus brefs délais, d’une stratégie de prévention et de maîtrise de la menace djihadiste en Côte d’Ivoire. Cette stratégie devra être offensive certes, mais aussi préventive et inclusive. La réponse serait de type "chirurgical" et reposerait essentiellement sur les services de renseignement, les communautés et l’action des forces spéciales ivoiriennes. Un dispositif de veille et d’intervention serait donc mis en place et basé sur les points suivants :
- Déploiement d’unités interarmées aux frontières du pays. Ce prépositionnement de forces dans des zones réputées poreuses, permettrait une meilleure réactivité en cas d'attaques;
- Déploiement d’unités interarmées sur tous les sites touristiques du pays (plages, etc.) ;
- Sécurisation et surveillance accrue de tous les sites sensibles et critiques du pays (aéroports, ports, sièges d'institutions internationales, électricité, eau, gaz, etc.) ;
- Bouclage des frontières avec le Mali, à partir d'un dispositif de maîtrise des frontières basé notamment, sur des moyens technologiques avancés tels que l’usage de scanner, de drones et de détecteurs de métaux ;
- Multiplication de patrouilles des forces spéciales, dans les capitales économiques et politiques ;
- Fouille systématique de tous les passagers provenant du Mali aux frontières terrestres ;
- Implication des communautés vivant aux frontières, dans la lutte contre le terrorisme. Les communautés pourraient agir comme « capteurs », en relayant aux autorités compétentes, tout événement ou mouvement suspect. L’installation d’ilotier dans chaque village frontalier, serait un atout majeur pour l’anticipation de la menace et l'alerte précoce ;
- Sensibilisation de toutes les communautés sur l’imminence d’une attaque et sur la responsabilité citoyenne de chacun quant à rapporter tout événement suspect ;
- Surveillance et protection accrue des principaux lieux de culte (chrétiens, etc.) et forte sensibilisation des musulmans, sur d’éventuels recrutements par ces groupes terroristes, au sein de leur communauté ;
- Création de périmètres de sécurité autour de tous les postes de police, de gendarmerie, des mairies et des casernes militaires sur le territoire;
- Mise en place d’une ligne téléphonique dédiée à la lutte anti-terroriste, permettant de dénoncer tout comportement suspect, surtout d’éventuelles radicalisations ;
- Sensibilisation de toute la population par la radio, les journaux, la télévision et internet, sur les signes de radicalisation religieuse, les comportements suspects à dénoncer, etc.
- Collaboration accrue entre le gouvernement et les autorités musulmanes pour endiguer efficacement la menace;
- Accentuation de la collaboration entre les autorités ivoiriennes et les partenaires bilatéraux (France, etc.) comme multilatéraux (ONUCI), surtout dans le domaine du renseignement et de l'aide logistique;
- Multiplication des exercices de simulations d'attaques terroristes pour évaluer la capacité des forces et harmoniser l'intervention de tous les services concernés (santé, etc.).
Enfin, il ne suffit pas de renforcer le dispositif militaire frontalier, mais plutôt d'éviter que la terreur ne s’installe sur le territoire et la meilleure réponse à cela demeure l’anticipation, donc la veille stratégique.