Attentats de Oaugadougou: leçons apprises

Publié le par Jean-François CURTIS

L'attentat du vendredi 02 mars 2018 qui a ciblé l'état-major des armées burkinabé ainsi que l'ambassade de France au Burkina, nous ramènent à la vulnérabilité incontestable de nos états africains et particulièrement lorsqu'ils se situent dans des zones à haut risque sécuritaire. Notre dernier article, nous a permis d'examiner les contours de ces attaques et de faire des recommandations aux autorités ivoiriennes. D'ailleurs, ces recommandations sont applicables dans les autres états de la sous-région, qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre, dans la lutte contre le terrorisme.

L'examen de ces attaques, exige que nous les analysions en termes de leçons apprises, pour mieux cerner les ingrédients qui ont favorisé ou facilité leur exécution. Ainsi, l'on compte parmi les causes ou facteurs aggravants de ces attaques terroristes sur le Burkina les éléments suivants : 1/ les failles sécuritaires du dispositif burkinabé, notamment en matière de renseignement ont constitué un facteur aggravant. Il s'agit donc de souligner le caractère impérieux du renforcement des capacités des pays africains en moyens et techniques de renseignement mais surtout de la mise en place de dispositif de renseignement cohérent et fonctionnel ; 2/ la participation active du Burkina Faso dans le cadre de la lutte antiterroriste au sein du G5 Sahel explique cet acharnement de la part des terroristes. Le Niger connaît également un harcèlement lié à cette participation active. De plus, la Côte d'Ivoire qui abritera le centre de lutte antiterroriste sous-régional, s'expose davantage à ce type de ripostes terroristes. L'implication directe de certains états africains dans cette lutte, les rend vulnérables et recommande que ces derniers soient soutenus activement par le reste de la communauté africaine, particulièrement en termes de contributions financières et en appui technique ; 3/ le changement de posture à l’encontre des groupes terroristes depuis le départ de l’ex-président Compaoré, pourrait aussi expliquer ces attaques car le régime du Président actuel ne s'engage pas dans un dialogue avec ces groupes pour négocier des trêves ou une "exemption aux attentats" ; 4/ la multiplication des alliances entre groupes terroristes qui impose des faits d’armes majeurs, justifie de telles attaques. En effet, plus les groupes fusionnent, plus leurs capacités de nuisance sont grandes et plus la nécessité de "montrer du muscle" se fait pressante. D'ailleurs Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin, le «Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans» (JNIM) a été créé en mars 2017. L'on pourrait voir en ces attaques du 02 mars 2018, une forme de commémoration ; 5/ la nécessité de véhiculer un message limpide de dissuasion à l’ensemble de la sous-région impliqué dans la lutte contre terroriste et particulièrement à l’endroit de pays comme la Côte d’Ivoire, moteur de la sous-région. En effet, toute défiance (arrestations de terroristes, etc.) des pays engagés dans cette lutte à l'endroit des groupes terroristes, justifierait des ripostes d'envergure pour rappeler leur détermination. La création du centre de lutte antiterroriste sous-régional en Côte d'Ivoire, pourrait être perçu comme une forme de défiance.

L'on distingue donc des causes ou facteurs aggravants tant endogènes (failles sécuritaires et posture envers les groupes terroristes), qu'exogènes (participation G5 Sahel, alliances des groupes terroristes, etc.). Le défi réside aussi dans la capacité de résilience des peuples frappés par ces actes intolérables. Le peuple burkinabé reste uni et debout face à ces actes barbares, c'est aussi une forme de résistance et l'une des solutions pour gagner la guerre d'attrition contre les terroristes.

Enfin, pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire, nous avons constaté que comme recommandé dans notre article paru le vendredi 02 mars 2018 et intitulé : "Ouagadougou, encore des tirs", les autorités ivoiriennes ont pris des mesures de sécurisations supplémentaires des emprises militaires et étrangères (ambassades etc..). Nous saluons donc la promptitude avec laquelle les autorités réagissent à la menace. Espérons que les espaces de commerce (grandes surfaces, etc.) et de villégiature (hotels, etc.), prendront également la mesure du danger et renforceront leurs dispositifs de sécurisation, du fait d'un relâchement constaté depuis quelques temps.

 

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