Ouagadougou: la terreur frappe encore
La nuit du dimanche 13 août aura été l’une des plus violentes et meurtrières que le Burkina Faso ai connu depuis l’émergence des groupes terroristes dans le Sahel. En effet, nous avons suivi l’attaque terroriste qui a fait un bilan de 18 morts dont 02 terroristes et une vingtaine de blessés… l’attaque qui a durée de 21h jusqu’à tard dans la nuit a concerné le café-restaurant « Aziz Istanbul » de Ouagadougou, fréquenté par des expatriés et des burkinabés. Le mode opératoire n’a pas évolué depuis l’attentat du 15 janvier 2016 au Cappuccino café, des assaillants seraient arrivés en moto et ont ouvert le feu sur les clients assis en terrasse. Jusqu’à tôt ce lundi 14 août, les forces de sécurité poursuivaient le ratissage dans la zone du restaurant. Nous saluons le courage des forces chargées de la sécurité qui ont réagi avec promptitude et nous nous inclinons devant les victimes de cet attentat.
Au moment où nous publions ce post, cette tragédie de plus n’a pas encore été revendiquée par un groupe terroriste de la région mais certaines pistes convergeraient vers un groupe en particulier, issu de la fusion de plusieurs entités (Katiba Macina, AQMI, Al-Mourabitoune et Ansar Dine), à savoir le GSIM ou NIM (Groupe pour le Soutien de l’Islam et des Musulmans ou encore Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin). Nous avions d’ailleurs publié le 08 mars dernier, un article sur la fusion de ces groupes terroristes et son implication.
En outre, faut-il rappeler que le Burkina Faso n’est pas le seul pays de la région directement ciblé par ces groupes terroristes. Cette énième attaque, vient nous interpeller en Côte d’Ivoire et nous ramène à l’essentiel, à savoir notre capacité d’anticipation et le degré de préparation de nos unités spécialisées.
Pour rappel, il est primordial qu’au niveau institutionnel et législatif, la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme soit adoptée par le conseil national de sécurité puis présentée à l’assemblée nationale. Cette stratégie une fois adoptée viendra renforcée l’action des forces intervenant dans cette lutte et apportera davantage de cohérence au dispositif actuel.
D’ailleurs, le caractère inclusif et transversal de cette lutte n’est plus à démontrer. C’est en cela, qu’il est urgent d’outiller tous les acteurs intervenant dans ce combat insidieux, notamment les agents des Eaux et Forêts, qui sont responsables de la surveillance des massifs forestiers et qui devraient à ce titre bénéficier de moyens de mobilité, de matériels et de l’armement conséquents, pour identifier et combattre toutes activités suspectes.
Aussi est-il fondamental, de poursuivre les exercices et simulations pour maintenir les unités en phase de veille et avec un minimum de maintien en condition opérationnelle. Nous recommandons donc que dans cette période de vacances scolaires, avec une forte présence d’expatriés, nos forces multiplient les exercices de libération de prise d’otages ainsi que les patrouilles dans les villes concernées.
En outre, est-il important de maintenir la montée en puissance des unités spécialisées en matériels et équipements idoines. Nous n’oublions pas le volet formation, qui demeure le socle de toutes actions.
De plus, nous soulignons une vérité immuable qui réside dans le partage d’expériences entre pays victimes du terrorisme. Il est crucial que les forces burkinabés et ivoiriennes partagent leurs expériences liées aux différentes attaques, pour mieux appréhender de futures tragédies. La force des pays ciblés, reste leur solidarité dans la souffrance face cette menace. La mutualisation de leurs moyens est bien entendu inévitable.
Enfin, nous attirons l’attention sur le relâchement de la part des sociétés privées de sécurité quant à la surveillance des hôtels, magasins et grandes surfaces. En effet, il a été constaté plusieurs cas de laxisme dans l'application des dispositions de vérification et de filtrage aux entrées de ces sites. N’oublions pas que la première arme reste la vigilance et l’alerte. Nous invitons donc les hôtels et magasins à contracter avec de sérieuses sociétés de sécurité, dont la renommée n’est plus à faire en Côte d’ivoire et qui ont pris la mesure de la menace, même si cela suppose un investissement plus important.